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Toutes les bonnes choses ont une fin

Sans traîner des pieds, sans flâner, ce soir, je rentrerai.

Peut-être pleuvra-t-il.

Et au hasard d’une chanson, de The Killers ou de Radiohead, je soufflerai.

Car toutes les bonnes choses ont une fin, paraît-il.

Je suis le #superstagiaire et ceci est mon histoire.

Les arts plastiques ne m’ont pas toujours intéressé, je ne voudrais pas vous mentir. A l’école primaire, déjà, j’étais incapable de tenir un crayon correctement et d’en faire quelque chose. De manière générale, jamais je n’ai été quelqu’un de “manuel”. Après les avoir découpées grossièrement avec mes ciseaux-tronçonneuse, j’étais le gamin qui collait ses feuilles de travers. La mine de mon crayon contre le papier, c’était un pissenlit contre mon souffle, c’était Carthage contre Rome, c’était ta joue contre ma… bref. Impossible d’en sortir victorieuse.

Malgré cet handicap et les nombreux découragements, j’ai toujours bien aimé (mal) faire des choses.

Au collège, je n’avais pas la “technique”. J’étais un expert de l’approximatif et, souvent, je faisais appel à d’autres personnes pour réaliser mes projets. Si je ne suis pas moi-même artiste, j’ai toujours été fasciné par tous ces peintres, dessinateurs et autres qui m’entouraient.

Car du haut de mes dix ans et demi (je suis de fin d’année, j’étais encore un tout petit bébé en sixième), les arts plastiques s’arrêtaient à la peinture et au dessin.

En cinquième, j’ai eu la chance d’avoir un professeur qui, me voyant dans la détresse la plus totale face à ma feuille Canson, m’a dit : “si tu veux, tu n’es pas obligé d’en faire un dessin. Tu es libre de le faire comme tu veux.” Et, alors, j’ai découvert la vidéo. Et, alors, depuis, je ne dessine plus. Je filme.

Comment en suis-je donc arrivé à faire un stage à l’Agence Volcanic’Arts ?

Comme toutes les belles histoires d’amour, je dirais que c’est une question de hasard et de Lionel Richie. “Say you, say me, say it together”. Oui, je suis tombé amoureux pendant ce stage… au sens figuré comme au sens propre, d’ailleurs (mais ça, c’est une autre histoire)…

Tout commence donc le 15 février. Mon couple vient d’exploser. J’ai besoin de changement, de découvrir de nouvelles choses. Je me rends au vernissage de l’exposition “Erotismes et vanités” à la galerie Rosa da Rua. Ils étaient nus, sensibles et bien en chair lorsque je les ai rencontrés, les artistes de l’agence. Ce sont les nus de Nicolas Roger, l’Extase de Lia R. ou encore les animaux de Jim Fauvet qui m’ont poussé à aller vers Sandrine et, sans y réfléchir une seconde, sans même chercher la bonne formule, demander : “vous prenez des stagiaires ?” “Oui, si on a envie d’apprendre, j’ai envie de transmettre.” “J’ai l’impression de ne rien apprendre dans mes études, j’ai besoin du tas.”

Et c’est ainsi qu’un étudiant déprimé par ses études en Licence Arts – Mention Métiers du livre et stratégies numériques s’est retrouvé stagiaire assistante d’agent d’artistes plasticiens. Ou plutôt, un stagiaire couteau suisse.

Car n’est-ce pas là, la définition du métier d’agent d’artistes ? Une personne dynamique et polyvalente, utile de la découpe du saucisson sec à l’ouverture de la bouteille de rouge lors d’une partie de campagne ?

Je ne pouvais imaginer meilleure illustration que cette partie de campagne de Corentin Kembraeg. A elle seule, elle représente l’importance du métier d’agent d’artistes. Là où certains peuvent y voir du choquant ou du grotesque, un “outrage à la morale publique et religieuse, ou aux bonnes moeurs” – dont Baudelaire et Flaubert ont été accusé il y a plus de cent-soixante ans, preuve que le monde n’avance pas toujours aussi vite qu’on ne le croit -, Sandrine y voit du talent et du beau. Aussi, être agent d’artistes, c’est être ouvert et avant-gardiste.

De tout ce dont je garderai de cette expérience, de ce mois et demi à l’Agence Volcanic’Arts, la sensibilité au monde, l’envie de partager et l’ouverture d’esprit m’ont ramené sur le chemin de mes envies. Dante s’est perdu dans une forêt obscure et je me suis perdu dans mes études où tout semblait sombre. La diritta via era smarrita. Mais, aujourd’hui, où tout a un nouveau un sens, où la culture devient la seule issue au monde et à ma vie, je me remets sur la bonne voie. Et j’avance.

Je ne travaillerai pas en galerie, j’ai les doigts trop fragiles. Être galeriste, c’est aussi endurer toujours les petits bouts de métal derrière les cadres, c’est se casser la tête durant l’accrochage, c’est accueillir le public et transmettre ; c’est physique, c’est épuisant, c’est tous les adjectifs de l’amour et de la passion ; c’est un métier, simplement.

Et à quelques heures de la fin de ce stage, le bilan n’est que positif. Il y a eu des jours difficiles, des jours où rester au lit semblait la meilleure solution ; et il y a eu les sourires, les cafés, la musique, les retards, les pannes de réveil, les coups de coeur et les coups de gueule, autant de bonjour que de au revoir, autant d’heures de marche que d’heures passés sur Photoshop, inDesign ou le site de l’agence, des kilomètres parcourus à pieds, sous un soleil de plomb ou sous un rideau de pluie.

Et enfin, il y a ce jour, où j’écris ces lignes, assis sur un canapé, un air d’Asaf Avidan dans mes écouteurs. “Oh fair haired traveling girl, keep on traveling on.”

Merci pour ces heures passées et pour toutes celles qui arrivent, à contempler les oeuvres d’art de la galerie Volcanic’Arts au 3 place du Terrail… “Oh fair haired traveling girl, keep on traveling on.”