Une analyse rapide de l’érotisme en art
« L’érotisme est l’approbation de la vie jusque dans la mort. »
Georges Bataille
L’exposition « Érotismes et Vanités » se déroulera jusqu’au 8 septembre à la Cantada II à Paris.
J’ai donc décidé de dédier un article de blog à chacune des deux notions, l’érotisme ici-même, la vanité par là.
Une définition de l’érotisme
Bien sûr, il est impossible d’être exhaustif quand on aborde le thème de l’érotisme en art. Notamment parce que l’érotisme est un concept issu avant tout de l’imagination. Lié en partie à la suggestion, au non-dit, il est en cela complètement différent de la pornographie, qui consiste à montrer la sexualité de façon explicite.
On en déduira donc qu’il y a autant d’érotismes que d’individus, mais peut-être aussi que d’époques, en fonction de ce que la morale estimait licencieux ou non. L’érotisme variera sans doute également selon les cultures.
En psychanalyse, Freud a introduit une notion supplémentaire, en opposant l’Eros (= pulsion de vie) à Thanatos (= pulsion de mort). La sexualité servirait ainsi à conjurer la mort, à repousser au loin nos peurs morbides.
Ce qui est sûr, c’est que l’érotisme est une célébration de la vie, une célébration du plaisir qui a obsédé de nombreux artistes, dont, pour ne citer que ceux-là, Egon Schiele, Gustave Courbet ou encore, plus proche de nous, Araki (dont une rétrospective est visible au Musée Guimet à Paris jusqu’au 5 septembre).
Et les femmes dans tout ça ?
On le sait, les femmes-artistes sont toujours sous-représentées en histoire de l’art.
Longtemps cantonnées aux genres dits « mineurs » (natures mortes, portraits de famille, le tout en petits formats), rares sont celles qui parviennent à s’émanciper de la domination artistique masculine avant le XXème siècle. (Voir « Artivisme et Féminisme« )
Parmi celles-là, citons-en trois :
Dorothea Tanning (1910 – 2012)
Peintre, sculptrice, éditrice et écrivaine américaine, elle fut l’épouse de Max Ernst. Très proche du mouvement surréaliste, elle s’en éloigne pourtant dans les années 50. Dès lors, une partie de son oeuvre explore le fantasme féminin, dans des œuvres oniriques et symbolistes. Toutefois, elle rejette le qualificatif d' »érotique ». En effet, d’après l’artiste, ses œuvres vont au delà de la simple représentation sensuelle, pour représenter l’être humain, avec ses désirs sexuels, mais aussi « ses désirs de gloire, d’incandescence, d’amour et de connaissance« .
Leonor Fini (1908 – 1996)
Peintre, décoratrice de théâtre et écrivaine argentine, elle appartenait également au mouvement surréaliste. Elle dépeint un univers onirique et fantasmagorique ou l’érotisme et le symbolisme se côtoient. On connaît également de l’artiste une série de dessins érotiques, croquis très finement exécutés à l’encre de Chine.
Emilia Castañeda Martínez (née en 1943)
Peintre et illustratrice espagnole, elle se consacre entièrement à la peinture dès le début des années 1970.
Au centre de sa peinture, on retrouve la figure dénudée, majoritairement féminine, entre autres sujets figuratifs, dans un style proche de l’école symboliste française ou encore de Gustav Klimt (grand peintre de sujets érotiques également). Ses oeuvres, à l’huile, au pastel ou à l’aquarelle, sont empreintes de délicatesse et de sensuelle. Une autre part de son travail contient une forte charge érotique, où tous les corps de femmes sont représentés, parfois à la frontière entre érotisme et pornographie.
Peut-il encore exister un art érotique ?
De nos jours, avec le développement d’Internet, l’explosion du contenu pornographique, peut-on encore parler d’art érotique ? Exploré en long, en large et en travers par la photographie, le thème survit pourtant. En 1997, un Musée de l’érotisme ouvre ses portes à Paris, présentant dans ses collections permanentes les œuvres de plus de 150 artistes.
La chaîne canadienne ARTV a quant à elle produit une série en 5 épisodes sur l’art érotique, à voir ici, et explorant la pratique artistique de nombreux plasticiens contemporains.