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Une petite histoire de la Vanité

Du caractère éphémère de la vie

L’exposition « Érotismes et Vanités » se poursuivant à Paris jusqu’au 8 septembre, intéressons-nous un peu à ce que signifie le terme de « Vanité« .

Les prémices de la Vanité

En histoire de l’art, la Vanité est une nature morte représentant le caractère éphémère de la vie humaine, mais aussi la futilité de nos orgueils et passions, le plus souvent par la présence d’un crâne.

Dès l’Antiquité, les philosophies  gréco-romaines insistent sur le caractère éphémère de la vie. Du « memento mori » (qui se traduit par « souviens-toi que tu es mortel ») de la pensée stoïcienne au « carpe diem » de l’épicurisme, l’homme est exhorté à vivre sa vie de façon modérée et équilibrée.

Memento Mori – mosaïque – Pompéi – milieu du Ier siècle ap. J.-C.

Au Moyen-Âge, la représentation de la mort est très présente dans l’iconographie chrétienne, avec notamment le thème des « danses macabres« . A la fin, la mort emporte tout le monde, dans une farandole.

Danse Macabre – couvent des Dominicains – Bâle – 1440

 

Tulipes et Vanités

Mais la Vanité en tant que telle trouve son réel essor au XVIIème siècle, dès les années 1620 plus précisément, chez les peintres hollandais. Là, elle est intimement liée à la « Tulipomanie » (aussi appelée « crise de la tulipe »), qui voit le bulbe de la fleur devenir un objet de luxe dans un premier temps, avant que son cours ne s’effondre, provoquant ce qui apparaît comme la première crise capitaliste de l’Histoire.
La tulipe fait ainsi son apparition dans de nombreuses peintures, symbolisant la vanité du luxe, interprétation renforcée par l’effondrement du marché.

Philippe de Champaigne - Vanitas - 1646
Philippe de Champaigne – Vanitas – 1646

 

La Vanité dans l’art contemporain

Au XVIIIème siècle, les Vanités disparaissent quasiment du répertoire des peintres, pour refaire leur apparition au XXème siècle. Toutefois, notre époque a vu la mort être désacralisée, avec les progrès de la science et de la médecine notamment, qui contribuent à diffuser des images de crânes dénuées du sens moralisateur des époques précédentes.
Les Vanités sont désormais détournées, déspiritualisées, vidées de leur signification originelle. La popularisation du symbole du crâne dans des objets de consommation de masse (bijoux, foulards, tissus, gadgets divers) y est sans doute également quelque chose.
En art contemporain, cette métaphore du temps qui passe, avec la mort pour échéance, se traduit désormais souvent par d’autres symboles, et la Vanité est désormais perçue comme une critique ou satyre sociale, plus que comme une injonction à maintenir une certaine rigueur morale avant que la Mort ne vienne nous faucher.

Cindy Sherman – Untitled n° 272 – Photographie – 1992
Emmanuelle Blin – Crâne aux jonquilles – Huile sur toile – 2008
Philippe Halsman / Salvador Dali – In Voluptate Mors – 1951