On ne va pas se mentir. La situation est critique pour tout le monde. Entre les professionnel.le.s de santé mobilisé.e.s sans relâche au péril de leur propre santé, ou celles et ceux des commerces et entreprises toujours ouverts, notamment alimentaires qui nous permettent d’avoir de quoi manger, les enseignant.e.s qu’on invite à se montrer ingénieux.ses au nom de la #ContinuitéPédagogique sans pour autant leur fournir les outils et matériaux pour le faire, les parents qui doivent jongler entre le télétravail et la garde de leurs enfants… La situation est critique pour tout le monde, à une échelle internationale, et l’angoisse est là, lourde, présente à en être presque palpable dans l’air de nos maisons et appartements dans lesquels nous sommes maintenant confinés depuis près de 2 semaines, et pour combien de temps encore.
Et au milieu de tout ça, je pense forcément à mon secteur, à l’Art. Musées, galeries, lieux d’exposition, nous sommes fermés depuis samedi 14 mars au soir, et jusqu’au 15 avril minimum. L’incertitude sur ce « minimum » nous empêche de réellement planifier quoi que ce soit. Pour ma part, j’ai renoncé à lancer un planning pour avril, et je me concentre sur le planning de mai, dans l’espoir que, peut-être…
Et pourtant, depuis 10 ans que je suis dans ce métier, je sais aussi une chose : en temps de crise, l’art et la culture sont parmi les derniers à revenir à la normale. Au delà de ne pas être un produit de « nécessité » (nécessité si l’on prend en compte l’aspect Nature VS Culture), c’est un produit de « luxe ». Pas essentiellement par son prix, mais parce que, finalement, le calcul est simple : moins d’argent qui rentre, c’est moins d’argent qui sort, et on coupe le « dispensable » en premier. La priorité n’est pas de s’acheter une belle toile pour orner le mur de son salon après un mois à manger des pâtes. (Sérieusement, que faites-vous avec exclusivement des pâtes ? Pourquoi les rayons de sauce tomate ne sont-ils pas vidés au même titre que ceux des pâtes ?)
Il faudra du temps pour que le secteur artistique revienne à la « normale », même en excluant un éventuel stress des visiteurs à se retrouver dans des lieux où l’on peut difficilement pratiquer la #DistanciationSociale.
Et malgré les promesses du gouvernement de ne laisser personne faire faillite, l’inquiétude est là : sans exposition pour diffuser leur travail, sans projets de commande, sans travail, comment les artistes peuvent-ils vivre au temps du confinement ?
Et, parce que la seule politique que je pratique sur ce blog est celle de l’honnêteté : comment est-ce que moi, directrice d’une petite galerie non-subventionnée, qui a ouvert il y a tout juste un an, comment vais-je survivre ? Ma galerie va-t-elle s’en relever, économiquement parlant ? Que puis-je faire pour m’assurer un revenu, le remboursement des emprunts contractés pour l’ouverture du lieu ? Comment garder la tête hors de l’eau ?
Je l’ai dit plus haut, l’Art, la Culture, sont considérés comme des produits « de luxe », comparés aux produits de première nécessité, comme l’alimentaire. Et pourtant. Une part de moi reste férocement persuadée qu’en temps de crise comme celui que nous connaissons actuellement, au delà de notre corps, c’est aussi notre esprit qu’il faut nourrir. On a, tous et toutes, besoin d’une échappatoire, d’avoir quelque chose, dans nos vies, qui nous décolle pour un moment de BFMTV. De la lecture, de la musique, des films, des séries, du « divertissement » au sens pascalien du terme.
Pour moi, l’Art a cet usage. Que vous soyez en train de naviguer sur Instagram ou Pinterest, ou de profiter d’une visite virtuelle d’un célèbre musée, l’Art peut vous permettre de vous évader, de vous élever, de vous nourrir, spirituellement, émotionnellement, intellectuellement. Et si vous me lisez, il est probable que vous partagiez mon opinion.
J’en reviens donc à ma problématique initiale : comment pouvez-vous aider le monde de l’art, de la culture, à survivre dans cette période de crise, à ne pas disparaître et se laisser engloutir, à exister, encore, pour les artistes, pour les petites structures comme la mienne, mais aussi, finalement, pour vous ?
La réponse est simple, et pourtant, elle dit tout le contraire de ce que j’ai énoncé dans les précédents paragraphes : pour soutenir les artistes, pour soutenir la galerie, achetez. Achetez des œuvres à vos artistes préférés, demandez un paiement en 4 fois si nécessaire, et acceptez de patienter jusqu’à la fin du confinement pour recevoir votre précieux.
Sur la boutique de la Galerie, achetez des cartes postales, des affiches, un catalogue, si vous n’avez pas les moyens de faire plus, c’est toujours quelque chose, et cela permet un élan de soutien. C’est en multipliant les petits gestes, qu’on arrive à un grand résultat.
Et lorsque vous n’avez pas les moyens d’acheter, partagez. Utilisez vos réseaux sociaux pour faire connaître les artistes que vous aimez, mentionnez-les, faites vivre leur art en virtuel avant que l’on puisse retourner dans le réel.
Le site est actuellement mis à jour. N’hésitez pas à circuler dans les pages des artistes, et contactez-moi si une oeuvre vous intéresse, pour obtenir des informations sur le prix. Rendez-vous également sur la boutique en ligne, où certaines œuvres sont directement mises en vente.
D’ici-là, restez prudents, restez chez vous si vous le pouvez, appelez vos proches régulièrement, et envoyez-moi des petits mots d’amour qui font du bien. ❤